Abandonner la croyance au progrès comme une nécessité historique n’est pas la même chose que d’abandonner le travail pour le progrès comme une tâche. Mais cette tâche est aujourd’hui essentiellement critique. La croyance au progrès, quand elle prend le caractère d’un mythe, est justement ce qui nous dispense la plupart du temps d’exiger et de réaliser des progrès réels.
Comment se fait-il que la science ait tendance aujourd’hui de plus en plus à être perçue comme l’incarnation du dogmatisme, de l’arrogance et du despotisme ?
Que se passe-t-il lorsqu’un croyant et un incroyant estiment l’un et l’autre qu’ils ont les meilleures raisons du monde, l’un de tenir pour vraies et rationnellement justifiées les croyances de sa religion, l’autre de les juger fausses et rationnellement infondées ?
« Parler et penser sont une seule et même chose » (Karl Kraus). Sont ici réunis un entretien, un essai et une conférence que Jacques Bouveresse a écrits sur le satiriste et dramaturge autrichien entre mai et novembre 2014.
Le pouvoir de décider de ce qui doit être reconnu comme un fait établi, à l’issue d’un processus qui ne peut pas rester strictement individuel et qui se révèle la plupart du temps compliqué et incertain, n’a rien à voir avec celui de décider de ce qui est un fait et de ce qui n’en est pas un, une chose que, n’en déplaise à Latour, il incombe en principe bel et bien à la réalité ou à la nature, comme on les appelle, et à elles seules de décider : si la Terre n’est pas creuse et la Lune pas faite de fromage de Roquefort, ce n’est pas nous qui avons décidé qu’elles ne l’étaient pas, mais la réalité, telle que nous estimons être parvenus à la connaître.
Une réalisation Goélette