« La distinction entre les causes psychologiques, psychanalytiques et autres de la croyance et de l’action et les raisons objectives qui les justifient est, déclare Jacques Bouveresse, le postulat de base sur lequel repose toute espèce de rationalisme. » La différence logique décisive entre elles a été clairement posée par Frege. « Les causes qui provoquent simplement le jugement […] peuvent conduire aussi bien à l’erreur qu’à la vérité ; elles n’ont pas du tout de relation interne à la vérité ; elles se comportent de façon indifférente par rapport à l’opposition du vrai et du faux. » À la différence des causes, poursuit Bouveresse, « les raisons ont une relation interne à la vérité et peuvent justifier la croyance parce qu’elles garantissent la vérité de la proposition qui est crue ou, en tout cas, augmentent sérieusement ses chances d’être vraie ». Cette relation interne à la vérité est ce qui fait de ces raisons justificatives des raisons objectives. Comme Bouveresse encore le précise : « Bien qu’elles n’agissent qu’en devenant à un moment donné des raisons pour quelqu’un, [les raisons] sont en elles-mêmes impersonnelles et indépendantes des circonstances, du lieu et du moment. »
Une réalisation Goélette